Sommaire:1/ Une nouveauté en notre faveur pour les arrêts maladie.2/Les prescriptions en droit du travail.
1/ Une nouveauté en notre faveur pour les arrêts maladie.
L’article L3143-3 du Code du travail français prévoit que lorsqu’un salarié est en congé pour maladie non professionnelle, Il n’acquiert pas de congés payés pour la période non travaillée. La réglementation européenne prévoit quant à elle que lorsque le salarié ne peut pas travailler en raison de son état de santé, situation indépendante de sa volonté, son absence ne doit pas avoir d’impact sur le calcul de ses droits à congé payé (directive 2003/88/CE du 4 novembre 2003). Dans une affaire jugée récemment par la Cour de Cassation, des salariés réclament donc des jours de congés correspondant à ceux qu’il auraient acquis selon eux pendant un arrêt de travail pour maladie non professionnelle en vertu du droit européen. L’employeur conteste et demande la stricte l’application du droit français. La Cour de cassation modifie sa position traditionnelle sur ce sujet et considère qu’il appartient au juge national « d'assurer, dans le cadre de ses compétences, la protection juridique découlant de l'article 31, § 2, de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et de garantir le plein effet de celui-ci en laissant au besoin inappliquée ladite réglementation nationale. Il convient en conséquence […] de juger que le salarié peut prétendre à ses droits à congés payés au titre de cette période » d’arrêt de travail pour maladie non professionnelle Dorénavant donc un salarié en arrêt de travail pour maladie non professionnelle acquiert ses jours de congés payés de la même manière que s’il travaillait. Cass. Soc., 13 septembre 2023, n° 22-17.340 De la même manière, en droit français, les jours d’absence en cas d’accident du travail ou de maladie professionnelle sont pris en compte pour l’acquisition des congés payés dans la limite d’un an (article L. 3141-5 du Code du travail). La directive européenne précitée n’opérant pas de distinction entre les période travaillées et non travaillées pour maladie ou accident professionnelle, la Cour en déduit sur le même fondement que le juge national doit écarter partiellement l’application du l’article L. 3141-5 en ce qu’il limite la période prise en compte à un an. Dorénavant, lorsque le salarié était en arrêt de travail suite à un accident du travail la limite de 1 an ne doit plus s’appliquer et toute la période d’arrêt doit être prise en compte pour la détermination des droits à congés payés. Cass. soc. 13 septembre 2023, n° 22-17.638 La salariée est donc en droit de bénéficier de l'indemnité compensatrice des congés payés non pris du fait de son congé parental, équivalent en l'espèce à 43 jours de congés acquis et non pris Cass. Soc., 13 sept. 2023, n°22-14.043
17.409). S’agissant d'un élément de salaire, le délai est de 3 ans (C. trav., art. L. 3245-1). La Cour de cassation, s'appuyant sur le droit européen (CJUE, 22 sept. 2022, n°C-120/21), juge dorénavant que le délai de prescription de l’indemnité de congé payé ne peut commencer à courir que dès lors que l'employeur justifie avoir accompli les diligences qui lui incombent légalement afin d'assurer au salarié la possibilité d'exercer effectivement son droit à congé. La prescription triennale ne commence donc à courir que lorsque l’employeur a rempli ses obligations. S’il ne le fait pas, alors le salarié peut demander indemnisation de congés payés dû pour des périodes plus anciennes que 3 ans. Cass. Soc., 13 sept. 2023, n°22-10.529
2/Les prescriptions en droit du travail.
Passé un certain moment, il n’est plus possible de sanctionner un salarié ou de solliciter le Conseil de prud’hommes pour trancher un litige. C’est ce que l’on appelle le délai de prescription. Le point sur les différents délais, pour être sûr d’être dans les temps. Les délais de prescription pour agir en justiceExécution et rupture du contrat de travail : 2 ans Exemples : Requalification d’un CDD en CDI, contestation d’un licenciement, etc. Point de départ : Jour où le demandeur (celui qui saisit le Conseil de prud’hommes) a connu ou aurait dû connaître les faits qu’il souhaite faire condamner Texte de loi : Article L. 1471-1 du Code du travail Salaire : 3 ans Exemples : Salaire non versé, salaire versé par erreur, Texte de loi : Article L. 3245-1 du Code du travail Remise des documents de fin de contrat : 2 ans Exemples : A l’issue de la rupture du contrat de travail, l’employeur est tenu de remettre le Certificat de travail, l’attestation ASSEDIC et le reçu de solde de tout compte au salarié 2 ans Point de départ : A compter de la rupture du contrat de travail Texte de loi : Article L 1471-1 du Code du travail Reconnaissance d’un accident de travail : 2 ans Exemples : L’employeur est tenu de déclarer l’accident de travail de ses salariés. En cas de carence de l’employeur, le salarié peut déclarer son accident de travail auprès de la CPAM compétente Point de départ : Jour de l’accident Texte de loi : Article L431-2 du Code de la sécurité sociale Reconnaissance de la faute inexcusable : 2 ans Exemples : L’employeur qui ne respecte pas son obligation de sécurité et de résultat. L’employeur commet une faute inexcusable « lorsque l’employeur avait ou aurait dû avoir conscience du danger auquel était exposé le salarié, et qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour l’en préserver. »
Point de départ : Jour de l’accident du travail ou connaissance de la maladie professionnelle Texte de loi : Article L 431-2 du Code de la sécurité sociale Discrimination : 5 ans Exemples : Refus d’embauche, de promotion ou licenciement en raison de la couleur de peau, des croyances, etc Point de départ : Jour de la révélation de la discrimination Texte de loi : Article L. 1134-5 du Code du travail Harcèlements moral et sexuel : 5 ans Exemples : Brimades, mises à l’écart, blagues à connotation sexuelle répétées, etc. Point de départ : Jour où le dernier fait constitutif de harcèlement a été commis Texte de loi : Article 8 du Code de procédure pénale Dommages corporels subis lors du travail Exemples : Chutes, brûlures, etc. Point de départ : Jour de la consolidation du dommage initial ou aggravé Texte de loi : Article 2226 du Code civil Les courts délaisSolde de tout compte (inventaire des sommes versées au salarié lors de la rupture du contrat de travail) : 6 mois Explications : Délai pendant lequel le solde de tout compte peut être dénoncé par le salarié Point de départ : Réception du solde de tout compte Texte de loi : Article L. 1234-20 du Code du travail Licenciement pour motif économique : 12 mois Explications : Délai pendant lequel contester la régularité du licenciement pour motif économique. Précision : Le délai doit être précisé dans la lettre de licenciement, à défaut la prescription est de 2 ans Point de départ : Jour de la notification du licenciement. Texte de loi : Article 1235-7 du Code du travail Convention de rupture conventionnelle et son homologation : 12 mois Explications : Délai pendant lequel contester la convention ou son homologation Point de départ : Jour de l’homologation de la convention Texte de loi : Article L. 1237-14 du Code du travail Contrat de sécurisation professionnelle : 12 mois Explications : Délai pendant lequel contester la rupture d’un contrat résultant de l’adhésion à un contrat de sécurisation professionnelle Point de départ : Jour de l’adhésion au contrat de sécurisation professionnelle Texte de loi : Article L. 1233-67 du Code du travail A noter : Les nouveaux délais s’appliquent aux prescriptions en cours à compter du 17 juin 2013, sans que la durée totale de la prescription puisse excéder la durée prévue par la loi antérieure. Exemples : Contestation de licenciement sans cause réelle et sérieuse, dont le licenciement est prononcé avant le 17 juin 2013 : s’il s’était déjà écoulé, au 17 juin 2013 4 ans depuis le licenciement, il ne restait au salarié, à cette date, que un an pour saisir le Conseil de Prud’hommes si, en revanche, il s’était écoulé au 17 juin 2013 moins de 2 ans, la nouvelle prescription de 2 ans s’applique
Le délai de prescription pour sanctionner un salariéDès que l’employeur a connaissance d’une faute commise par le salarié, il dispose d’un délai de 2 mois pour engager des poursuites disciplinaires, c’est-à-dire convoquer le salarié à un entretien préalable ou lui adresser un avertissement (article L. 1332-4 du Code du travail). A savoir Une sanction disciplinaire prononcée après ce délai de 2 mois est nulle. Par exemple, un licenciement prononcé dans ces conditions sera jugé sans cause réelle et sérieuse. Toutefois, une faute de plus de 2 mois pourra être sanctionnée si, dans l’intervalle, l’employeur a engagé des poursuites pénales à l’encontre du salarié. L’employeur dispose d’un délai d’un mois, à l’issue de l’entretien préalable pour notifier la sanction à son salarié (Article L1332-2 al 4 du code du travail) |